C’est avec une grande émotion que l’on a appris le décès d’Alvin Lee, guitariste de Ten Years After de son état, survenu le 6 mars 2013, soit pile un mois avant un concert à l’Olympia (qui a eu lieu sans lui le 7 avril 2013). Retour sur une œuvre phare de Ten Years After, l’album « Crickelwood Green » sorti en 1970. Longtemps, Alvin Lee a été l’objet d’une question récurrente : est-il le guitariste le plus rapide de l’histoire du rock ? Cette interrogation fit la réputation d’Alvin mais causa aussi quelque part sa perte. En effet la tartine de notes balancées à un rythme affolant, dont il se fit une spécialité, pouvait à la longue avoir un côté un peu assommant (avec tout le respect que je lui dois). Si « Crickelwood Green » est une œuvre majeure dans la carrière d’Alvin et de son groupe Ten Years After, c’est justement par ce que, sur ce coup là, Alvin a réussi à réfréner ses ardeurs. En résumé, moins de démonstration technique (toujours une peu vaine de toute façon, la remarque est valable pour des tonnes de guitaristes) et plus de feeling. « Crickelwood Green » est un album riche aux influences variées, puisant sa source dans ce bon vieux blues, « Working on the road » ; le très swinguant « Me and my baby » au toucher jazzy. Et il y a aussi dans la country, « Year 3,000 blues », grande réussite du disque et signe de la richesse du jeu d’Alvin Lee qui démontre ici de grandes aptitudes dans le registre picking. Mais « Crickelwood Green » est resté dans les mémoires grâce à l’immense tube « Love like a man », tour de force de sept minutes sur une dynamique tension/détente. Le riff est inusable, genre inoubliable, gravé dans le marbre. Autre titre marquant, « 50 000 miles beneath my brain », sept minutes sous haute influence psychédélique. « Crickelwood Green » est réellement un effort de groupe (à ce titre il est très étonnant qu’aucun nom en dehors de celui d’Alvin Lee ne soit crédité sur la pochette) pas uniquement centré sur la guitare. La section rythmique pratique un groove et un swing parfait, les claviers (orgue, piano) apportent des couleurs différentes et confèrent au son une certaine chaleur. Vous l’aurez compris, c’est un classique.
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