Le trio de Los Angeles fête ses vingt-cinq ans, en autant de titres, enregistrés en concert ; enfin plutôt 27 ans dans les faits, ledit album en question étant sorti il y a deux ans (comme vous pouvez le constater la période de confinement actuelle est propice à la redécouverte d’albums oubliés au fil du temps). Vingt-sept années donc, voilà qui nous ramène au début des années 1990, une décennie assez peu couverte par ce blog. Mais le groupe mérite que l’on s’y attarde, autant pour ses qualités musicales que pour le parcours des musiciens qui le compose. Le cœur en est constitué de forte individualités : le guitariste J.J. Holiday, le chanteur harmoniciste Jimmy Wood et le batteur Billy Sullivan. Dès 1984, on retrouve Holiday derrière Bob Dylan, puis avec son compère Wood en accompagnateurs de Bruce Springsteen, puis tapant le bœuf avec Keith Richards ou jouant les utilités auprès de notre Little Bob national, de l’acteur Jim Belushi ce qui a ouvert la voie à une collaboration avec les Blues Brothers. Du lourd, du solide qui nous ramène en plein sur notre territoire de prédilection, le classic rock. Quand au batteur Billy « Champagne » Sullivan, il est un habitué du blues en qualité d’accompagnateur du pianiste Johnny Johnson ou d’un autre (ex) Rolling Stones : Mick Taylor.
Maintenant, la musique. Deux guitaristes, qui a tout de la parfaite association de malfaiteurs, dont la slide fabuleuse d’Holiday et un batteur : l’incarnation originelle du groupe se traduit par un son très sec, caractérisé par l’absence de basse. Musiciens redoutables, le trio se fait une spécialité de ces duos/duels guitare/harmonica, avec beaucoup de feeling. La batterie pratique un groove spécifique, lourd, mais pourtant virtuose tout en descentes procurant une assise rythmique solide qui laisse la place pour que le charisme (on pense au chant en particulier) des musiciens s’exprime. Et c’est quand les titres s’éternisent sur la longueur que le groupe devient fascinant, il se passe quelque chose autour des sept, huit minutes, quand le groupe entraîne l’auditeur dans une spirale hypnotique (cf. les douze minutes de “Ramblin’ Woman Blues”). C’est tout à fait surprenant lorsqu’ils s’attaquent au son New-Orleans (« Big Chief » ou la compo originale « Comin’ fuh ya » d’inspiration louisianaise). Et les grands moyens sont parfois de mise avec les musiciens additionnels, outre la basse, les percussions et vents entraînant le groupe sur de nouvelles pistes.
Ce copieux double album peut être autant considéré comme un résumé, une somme pour les fans mais aussi comme un excellent point de départ pour quiconque découvrirait le groupe. Excellent de bout en bout, sans faute de goût aucune ni prise de son douteuse, le disque peut parfois être frustrant dans le sens où il collectionne les extraits de concerts, avec des introductions parlées et certains morceaux coupés juste après l’intro, quand les choses sérieuses commencent, par un fade out malheureux. Pour le reste ce n’est que du bonheur, représentant le blues dans ce qu’il a de plus euphorisant, la scène, la fiévreuse interaction avec le public, le tout en 25 pistes surchauffées. Ultra recommandé !
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