Lorsque, le six juillet dernier, disparaissait Ennio Morricone, nous avons dit adieu à un géant de la musique. Soit, en résumé, soixante ans de carrière et environ 500 bandes originales à son actif ! Associé à jamais au western spaghetti dans l’imaginaire collectif, grâce à sa participation à la « trilogie du dollar » de Sergio Leone, qui le qualifiera de co-scénariste, Ennio Morricone incarne l’exemple indépassable de la collaboration étroite entre un réalisateur et son compositeur attitré. Et pourtant Morricone a fait bien plus que de la musique de western, composant pour le cinéma français à l’époque glorieuse des co-productions franco-italiennes des années 60 et 70, et également pour Hollywood, mettant en mélodies tous les genres, du polar à la comédie en passant par le drame. De Belmondo à Tarantino, son corpus incarne le grand écart entre les époques. C’est d’ailleurs pour sa collaboration avec ce dernier qu’il a reçu son unique Oscar, sur le tard en 2015, qu’il ne s’est même pas déplacé pour recevoir. La polémique entoure la musique de ce film, « Les huit salopards », que l’on dit recyclée de la bande originale de « The Thing », refusée par John Carpenter, et réinterprétée par ce dernier à sa sauce cheap et synthétique. Une bien maigre tâche qui entâme à peine l’immensité de l’œuvre de celui qui était également trompettiste de jazz à ses débuts. Paru un jour après son 88ème anniversaire, le présent album, enregistré en compagnie de l’Orchestre National Symphonique Tchèque est le premier disque où le Maestro sélectionne, enregistre et dirige lui-même ses propres compositions. Une madeleine de Proust dont les envolées lyriques ne manquera pas de raviver de nombreux souvenirs de films vus et revus sur petit comme grand écran depuis l’enfance. Adieu Maestro.
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