Le Canadien continue l’exploration de ses archives, redécouvrant les pépites inédites de sa discographie (cette dernière sortant officiellement le même jour que le Dylan nouveau, une date faste!) trop longtemps restée sur les étagères poussiéreuses. Comme souvent chez le prolifique songwriter, si l’album n’est pas sorti officiellement à l’époque, il aura servi à alimenter d’autres sorties du chanteur à l’instar de la plage titulaire, déjà entendue par ailleurs. Donc, en cette mi-seventies, Neil Young est partagé, mi-amer, mi-déprimé, entre le décès de Danny Whitten, la gueule de bois post-hippie qui a alimenté le « club des 27 » et, sur un plan personnel, la séparation avec l’actrice Carrie Snodgress. C’est d’ailleurs ce dernier point qui lui a fait préféré la sortie de « Tonight’s the night » (autre grand classique) au détriment du présent album, jugé trop intime et personnel. Quel dommage tant ce « Homegrown » paraît le complément parfait de « Tonight’s the night » ! Nous avons affaire ici au Neil Young, acoustique, celui des plaines et des grands espaces, pas très loin du chef d’œuvre « Harvest », dont la musique, tout déprimé qu’il fût, présente de véritables vertus apaisantes. Même la version de « Homegrown » paraît moins agressive que celle que l’on prenait jusqu’à présent pour l’originale. Arpèges délicats, chant haut perché, harmonica, lap-steel, piano, silences justement placés, évidence mélodique, tous les éléments qui nous ont fait aimer à la folie la musique de Neil Young sont ici réunis. Ecarté pour des raisons personnelles qui lui rappelait une période assez peu heureuse de son existence, cet album est pourtant bien moins sombre que le crépusculaire « On the beach » par exemple. Ne serait-ce que pour l’étrange expérimentation de « Florida », à base de cordes de piano et de verres à vins (pleins?), assez incongrue, on tient, enfin, là, un grand album de Neil Young ! 45 ans après, il était temps !
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