Pourtant peu réputée pour la qualité de sa scène musicale, la ville de Washington DC peut se targuer d’un insigne honneur, celui d’avoir un style musical à elle et uniquement à elle : le Gogo. La star du genre se nomme Chuck Brown, une sorte de Gogo brother number one, dont le premier album « Bustin Loose » est sorti en 1979. Mais le gogo, késako ??? En gros c’est une sorte de funk avec beaucoup de percussions qui donnent un groove beaucoup plus naturel et moins mécanique que la disco qui se pratiquait à la même époque. Les autres ingrédients du gogo sont une bonne section de cuivres (indispensable) et quelques synthés, qui n’ont hélas pas toujours bien vieillis, mais leur apport limité n’altère pas trop la qualité générale de la musique. La voix à haut débit de Chuck Brown évoque parfois le phrasé rap, balbutiant à l’époque (« Bustin Loose »). On retrouve sinon les ingrédients classiques, basse (slappée si possible), batterie, guitare. On l’aura compris, le gogo est une musique rythmique dont la finalité se retrouve sur la piste de danse (« If it ain’t funky »). Mais cela n’empêche pas Chuck Brown de faire parfois preuve de sensibilité, « Never gonna give you up », typiquement soul. Mais surtout, The Soul Searchers, le groupe qui accompagne Chuck Brown, joue des morceaux assez longs, laissant à l’instar du jazz, de la marge pour l’improvisation (« Game Seven »). D’ailleurs Chuck Brown n’hésite pas à laisser de l’espace pour que son groupe s’exprime, limitant volontairement ses interventions au chant. Et c’est d’ailleurs un peu dommage car Chuck Brown possède un timbre de gorge, grave et légèrement cassé digne des plus grands soulmen. Un très bon album qui ravira tous les fans de groove rare…
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