D’aucuns, et ils sont probablement nombreux, à être familier avec l’œuvre de Jack Casady, ancien bassiste du Jefferson Airplane et membre fondateur du groupe suivant, Hot Tuna. Le présent album permet de (re)découvir un autre pan, méconnu, de la carrière du musicien : le groupe SVT (Sex Violence Television) qui a occupé le bassiste à une période critique, la fin des années 1970 à l’émergence du punk et de la new-wave et d’observer, en creux, l’adaptation des anciens hippies à cette nouvelle époque. Un changement radical de paradigme, bien loin du peace and love et autre flower power, que l’on décèle jusque dans le nom choisi par le groupe. Sex Violence Television, donc, a pris naissance alors que Hot Tuna faisait une pause. Un groupe qui n’était pas spécialement fait pour durer, et qui s’est assemblé presque par hasard, dans lequel on retrouve également Nick Buck (Hot Tuna), Bill Gibson (Huey Lewis & The News), Paul Zahl (Roky Erickson) et Brian Marnell. Sans être aussi radical que certaines propositions punk, c’est un sentiment d’urgence qui habite la musique du groupe, quelque chose de perceptible dans la pulsion de la batterie, le ronflement de la basse ou la saillie des guitares. Les musiciens donnent le sentiment de vouloir en découdre, cela donne une perception de la musique qui diffère radicalement des envolées hippie du Jefferson Airplane, autant qu’elle prend ses distances avec le blues de Hot Tuna. Le choix de privilégier les guitares plutôt que les synthés se révèle crucial et explique le fait que la musique a plutôt bien vieilli. D’autant que, en plus d’avoir de l’énergie à revendre, le groupe sait écrire une chanson, et offre ainsi à la power pop une de ses premières incarnations. Cette compilation permet de redécouvrir cette forme de rock’n’roll sous haute tension, dopée à l’adrénaline.
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