Tout est résumé dans le titre : primitif. Personnage assez méconnu, voire obscur, Sonny Vincent s’inscrit dans une phase particulière de l’histoire du rock étasunien, entre la fin des années 1960 et le mitan des années 1970. Une période clé. Les guitares sont de sortie, les amplis poussés à fond dans le rouge. L’heure est au rock garage, cette forme survoltée et chargée en décibels, jouée par les kids dans le garage du pavillon de banlieue de leurs parents, petite pelouse verte et carrée en prime. Une esthétique abrupte qui se radicalisera en peu plus au milieu des années 1970 en mutant vers le punk. Mais pour l’heure, il est question de rock’n’roll, il n’est pas (encore) proscrit d’oser un solo de guitare, les aiguilles du potentiomètre dans le rouge (« Lament ») ou de chanter (« Scary »). Dans les compositions se ressent encore un peu quelques relents du blues (« She’s like Hiroshima ») alors que, dans le fond, se dessine une esquisse du heavy-metal (« Awmaw »). Sonny Vincent, donc. Dans l’underground New-yorkais de l’époque, c’est une figure. Membre du groupe punk Testos et de The Limit (métal doom). Le présent album compile des titres issus du corpus de différents groupes dont Vincent a fait partie : Distance (1969-1971), Fury (1972), Liquid Diamonds (1973-1975) et une démo des Testors (« Scary », 1975). L’ensemble est une plongée fascinante dans un univers furieux et survolté de guitares en fusion, à classer tout près des Stooges et du MC5. Un passionnant retour dans la furie de l’époque en dépit d’une qualité sonore aléatoire et parfois soumise à caution. Au final, l’ensemble constitue une somme témoignage du rock brut étasunien, du garage au métal en passant par le punk.
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