Longtemps considéré comme perdu, après une improbable histoire de bandes oubliées dans une voiture cambriolée durant une nuit, le deuxième album du saxophoniste vient de voir enfin la lumière du jour grâce à l’entregent du producteur Clive Hunt qui a remué ciel et terre pour retrouver lesdites bandes. Mais avant toute chose un petit rappel s’impose. Bobby Keys, puisque c’est de lui dont il est question, est le genre de musicien que l’on écoute sans vraiment le savoir ni s’en rendre compte. Grand pote de Keith Richards (avec qui il partage son anniversaire), le Texan a longtemps accompagné les Rolling Stones (le solo de « Brown Sugar », c’est lui!) et, plus généralement, la crème du rock anglais des années 1960 et 1970 (The Who, Eric Clapton, George Harrison ou Joe Cocker). C’est alors qu’il se trouve en studio avec Mick Jagger et consorts, en Jamaïque à la fin des années 1970, que naît l’idée d’un album solo reggae du saxophoniste, produit par Clive Hunt et enregistré avec quelques potes et non des moindres (Ron Wood, Steve Cropper ou Nicky Hopkins) entre la Jamaïque et les États-Unis. L’album, majoritairement instrumental, voit le musicien s’approprier le genre avec à-propos dans un geste de grande classe musicale, tout en s’en éloignant quelque peu par moment au profit d’un hybride entre rock, jazz, soul et rhythm’n’blues. Au menu quelques chouettes reprises (« Dock of The bay » d’Otis Redding ou « 99 1/2 ») qui n’ont pas trop souffert des outrages du temps. C’est un véritable plaisir de retrouver le souffle, le style et la classe du regretté saxophoniste (cf. « KC Song ») décédé en 2014.
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