C’est avec beaucoup d’émotion que l’on a appris, le 28 octobre dernier, la disparition de Terry Callier. L’occasion d’un petit retour, en forme d’hommage, sur le premier album du chanteur dont la présente réédition est augmentée de trois inédits.
A sa sortie, en 1964, « The new folk sound of Terry Callier » fut une petite révolution. Pour la première fois, un chanteur soul attaque l’exercice de l’enregistrement en studio dans le plus simple dénuement. C’est la naissance d’un nouveau style, la soul acoustique. Il n’y a ici point de cuivres, ni de claviers ni même de batterie, le disque prouve par A+B qu’il en faut finalement peu pour réaliser un grand album. Ils sont ici au nombre de deux, une guitare folk et une basse (jouée par Terbour Attenborough et parfois John Tweedle et parfois les deux) avec, bien entendu, une sacrée dose de talent en plus. Et puis il y a la voix de Terry Callier. Grave et profonde, un timbre de stentor, extrêmement touchant et qui révèle une émotion véritable (« Cotton eyed Joe »). Un disque d’interprète plus que de songwriter puisqu’il est composé en totalité de reprises, souvent des airs traditionnels. Arrangé, cet enregistrement aurait fait un album de jazz, son interprétation en est teintée, Terry faisant preuve d’une grande finesse dans le jeu et dans les arpèges de guitare (« It’s about time », « Promenade in Green », « Spin, spin, spin »). Pièce de choix du disque, « I’m a drifter » est une longue psalmodie, passionnée, chantée à pleine voix, de pratiquement neuf minutes, l’œuvre d’un chanteur mettant ses émotions à nu. Sorte de petit miracle, « The new folk sound of Terry Callier » a été enregistré en une seule journée, celle du 29 juillet 1964, où, au cœur de l’été, enfermé dans un studio de Chicago, trois musiciens ont été touchés par la grâce.
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