Lorsque sort « In the wee small hours » en 1955, Frank Sinatra est déjà une star établie. C’est aussi un homme au cœur brisé par sa séparation d’avec Ava Gardner qui livre ici l’un de ses albums les plus déchirants. Album particulièrement jazzy et nocturne, « In the wee small hours » bénéficie d’un accompagnement musical aux petits oignons, montées et descentes vertigineuses de cordes, cuivres en sourdine aux interventions rares mais à propos et une rythmique qui swingue tranquillement (batterie jouée aux balais). La mélancolie sied bien à Sinatra qui au-delà du chant interprète chaque mot comme l’acteur qu’il fût (« Glad to be unhappy ») avec justesse. Sinatra livre ici une de ses plus grandes performances de chanteur. Ce disque justifie à lui seul son surnom de « The Voice ». En effet, son interprétation regorge de nuances qui vont droit au cœur. Sinatra chante pour les cœurs solitaires et éplorés et invente ici le blues du petit matin après le désenchantement de la nuit. Un album solitaire à l’image de sa pochette, aussi belle qu’un tableau Edward Hopper.
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