musique bibliothèque

Chris Bell : « I am the Cosmos » (1973-1974)

May 20, 2013

Ceci est l’histoire d’une vocation contrariée, celle de Chris Bell. D’abord leader des fantastiques Big Star, avec Alex Chilton, au début des années 1970, un des tout meilleurs groupes de l’histoire de la pop étasunienne qui n’aura jamais rencontré le succès qu’il méritaient pourtant amplement. Epuisé après avoir tant donné à son groupe en vain (écriture, production) Chris Bell tombera ensuite dans la dépression et les addictions diverses. Un style de vie dangereux qui le conduira à plusieurs tentatives de suicide. C’est à ce moment là que son frère David Bell, alerté, décide de prendre le destin de son cadet en main et de l’emmener en voyage en Europe. Voyage qui passera par les fameux studios du Château d’Hérouville, fermés en 1985, dans la grande banlieue parisienne (T.Rex, David Bowie, Pink Floyd, Cat Stevens, Iggy Pop, tous sont passés par ces studios). C’est dans ce cadre majestueux (construit en 1740) que prendra place l’enregistrement de la majorité de l’album. Et le résultat est magnifique. Le disque irradie d’une évidence mélodique rare, mais si les voies empruntées sont parfois pleines de détours (« Better save yourself »). La ligne claire peut aller se faire voir. Rien n’est jamais totalement limpide chez Chris Bell. Aussi bien à l’aise en acoustique qu’en électrique, Chris Bell accouche ici d’un album particulièrement bien équilibré, parfois rageur et entraînant (« Get Away », « Make a scene », « I got kinda lost ») mais le plus souvent touchant, visant en plein cœur (« I am the Cosmos », « You and your sister », « There was a light »). Chris Bell couche sur la bande de grands moments de pop dépressive qui pourtant, parfois, rayonnent d’une étrange lumière intérieure. Jusqu’au point de devenir assez addictif. L’album est tout simplement magnifique. Sa mélancolie vénéneuse vous retournera le cœur. Et pourtant, encore une fois victime d’une déveine incroyable, Chris Bell sera incapable de convaincre un label de continuer l’aventure. Le disque restera inédit pendant pratiquement dix ans et ne sortira qu’une première fois qu’en 1984. Six après le décès de Chris Bell dans un accident de la route, qui de ce fait ne verra jamais le produit fini. Au moment de son décès, survenu le 27 décembre 1978, Chris Bell avait plus ou moins abandonné la musique et travaillait dans le restaurant de son père. Le destin contrarié, une fois de plus, une fois de trop. Le meilleur moyen de rendre hommage à ce talent de tout temps injustement sous estimé est encore de se plonger dans son fabuleux album.

 

 

Share

You Might Also Like

No Comments

Leave a Reply

*