Derrière le nom, un peu mystérieux, se cache une fine gâchette de la guitare : John Cipollina. Pas le plus connu des guitaristes (enfin du grand public) mais un musicien foncièrement attachant issu de la scène psychédélique de San Francisco et membre de Quicksilver Messenger Service (ah le fameux « Who do you love ?»). Suite à son départ de QMS, dans lequel il commençait à se sentir un peu à l’étroit, Cipollina tente de s’imposer dans un style différent, rock n’roll, plus dur, plus électrique, assez éloigné de la psychédélie acide des débuts. L’album part le pied au plancher avec « Roller Derby Star » un morceau assez puissant alors que l’ombre des Rolling Stones plane par ailleurs (« Wing Dang Doo », « A little hand », « Spin spin »). Cependant, incapable de se renier tout à fait, le groupe livre avec « Kibitzer » un petite perle tout à fait digne de la décennie psychédélique précédente. Le disque est parsemé de ce son de guitare délié, estampillé, et qui fait le bonheur des nombreux soli disséminés ça et là. La touche baroque dans les arrangements (la guitare hawaiienne, le bottleneck, l’orgue) fait de Copperhead un groupe unique en son genre, au son dur mais empreint de psychédélisme résilient (« Kamikaze »). Etonnant. La perle de l’album est très probablement « They’re making a monster » impressionnant tour de force dépassant les sept minutes. « They’re making a monster », c’est peut être ce qu’avaient en tête Cipollina et co lorsqu’ils enregistraient le disque. A l’écoute, il est évident que le quintet avait le potentiel et toutes les qualités nécessaires pour s’imposer dans le paysage rock des années 1970 et recueillir tous les suffrages. Hélas, comme chacun sait, les livres sont remplis de ces histoires de rockeurs tombés dans l’oubli, après avoir touché la gloire du bout des doigts. Malheureusement Copperhead ne fera pas exception. Une sombre histoire de business coupera les ailes du groupe qui sera déjà oublié l’album à peine sorti. Un deuxième disque a été enregistré mais ne sera jamais commercialisé. Un album live existerait également mais n’a jamais été rééditée et constitue le graal des collectionneurs. Aujourd’hui il nous reste ces huit titres (neuf avec la face B « Chameleon » bonus sur la réédition CD) qui font que Copperhead n’est pas complétement oublié. Le regretté John Cipollina est décédé le 29 mai 1989.
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