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Moby Grape (1967)

August 19, 2015

Petite cité nichée au bord de l’océan Pacifique, San Francisco n’a de cesse de fasciner les amateurs de rock nostalgiques des années 1960. La scène de l’époque fût tellement riche et novatrice, tant sur un plan visuel que musical, que les douze lettres qui composent son nom résonnent de manière particulière chez les fans. Car, sorti du Jefferson Airplane et du Grateful Dead (deux formations absolument essentielles par ailleurs), San Francisco regorgeait à l’époque de groupes oubliés, cultes, qui nourissent encore aujourd’hui tout un imaginaire qui continue de nous faire rêver depuis (déjà) un demi-siècle. Et on n’a pas encore fini d’en faire le tour. Et un des secrets les mieux gardés de San Francisco est peut-être bien Moby Grape. Le premier album du groupe, sorti en 1967, est un chef d’oeuvre oublié du psychédélisme. Ce que l’on apprécie en premier lieu chez eux c’est la brièveté de la chose. Les délires inécoutables sans acide, genre « What become of a baby » du Grateful Dead, les jams interminables, très peu pour eux. Moby Grape joue de manière claire et concise, se spécialisant dans les formats dépassant à peine les deux minutes (« Naked if i want to », 58 secondes record à battre). Musicalement le quintet nous plonge au croisement de plusieurs styles, entre country, blues et folk, racines classiques du psychédélisme, auxquelles Moby Grape ajoute sa graine personnelle. Un angle pop grâce à de magnifiques harmonies vocales à rendre fous de jalousie les Beach Boys et un jeu de guitare fin et précis des trois guitaristes qui n’ont de cesse de dialoguer entres eux (« Someday », « Changes ») tissant une toile confortable et ajoutant un soupçon de piment rock à l’ensemble (« indifference »). Force est de constater que l’album a extrêmement bien vieilli. Hélas, la sortie du disque sera déjà le chant du cygne pour le groupe, miné par les soucis que ce soit au niveau du management ou du label. Sans parler du destin tragique du Guitariste Alexander « Skip » Spence (également le batteur sur le premier album du Jefferson Airplane) qui a sombré dans la folie. Un album qui s’apparente à une pause hors du temps, un moment suspendu qui n’a pas fini de nous ravir.

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