Genre en soi, le film d’exploitation black, la blaxploitation, glorifie la virilité Noire à travers le sexe et la violence. Le genre a donné naissance à quantité de films, souvent des séries B, mineurs mais dotés de bandes originales inoubliables pour l’amateur de soul et de groove. Nous allons nous arrêter aujourd’hui sur « Hell Up in Harlem », la suite de « Black Ceasar ». La BO du premier film était signé James Brown, celle du deuxième Edwin Starr. Si il a eu une carrière plus discrète que celle du Soul Brother Number One, Starr a néanmoins décroché un hit en 1971, « War », qui reste aujourd’hui dans toutes les mémoires. De toute la kyrielle de vocalistes de la Motown, Starr était probablement le plus féroce avec une magnifique voix de gorge viscérale. Hélas la BO de « Hell Up in Harlem » sera la dernier album de Starr pour la Motown. Le disque brille principalement grâce à deux chansons. Tout d’abord il y a la fantastique « Easin’ in ». Le morceau débute par un duo percussions/basse. Le groove monte lentement, crescendo jusqu’à ce que la batterie entre en scène à son tour puis Starr chante. C’est une véritable démonstration de groove. Impossible d’y rester insensible. Bien pensé, le tracklisting enchaîne ensuite directement avec l’autre chef d’oeuvre du disque « Big Papa », qui avait tout pour être un tube énorme. A noter un véritable numéro vocal de Starr sur ce titre James Brownien en diable. L’écriture et le savoir faire en terme de production du duo Fonce Mizell/Freddie Perren apparaît ainsi dans toute sa splendeur. Le reste du disque aligne, avec brio toutefois, les poncifs inhérents à l’art de la bande originale, le thème romantique pour illustrer la scène de lit (ici « Jennifer’s love theme ») ou les instrumentaux destinés à souligner le suspense durant les scènes d’action (« Runnin’ », « Airport Chase »). Le disque perd un peu de sa force sans le support des images mais à au moins le mérite de nous transporter dans l’époque et de faire travailler l’imagination de l’auditeur. Il mérite d’être recherché pour les deux pépites précitées. La suite sera bien moins brillante pour Edwin Starr qui tentera de se reconvertir en chanteur disco (« Contact » en 1979) avant de déménager pour l’Angleterre où il décedera, dans un relatif anonymat en 2003.
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