Que ce soit en groupe avec les Hollies, en duo avec Crosby, en trio avec Crosby et Stills ou en quatuor avec Crosby, Stills et Young, Graham Nash a multiplié les collaborations. Pourtant, sa discographie en solo reste pour le moins sporadique et son meilleur album pourrait bien être le bien nommé « Songs for beginners ». Il s’agit en effet de biens beaux débuts. En 1971, Nash a le cœur en miettes après sa rupture avec Joni Mitchell. Réfugié en Californie, c’est entre Los Angeles et San Francisco que sera enregistré cet effort avec un casting royal. On y retrouve quelques membres du Grateful Dead, le guitariste Jerry Garcia qui ornera le disque de quelques merveilleux soli de lap-steel (« I used to be a king ») et le bassiste Phil Lesh. Neil Young viendra jouer du piano sous l’ironique pseudonyme de Joe Yankee (rappelons que Young est citoyen Canadien) utilisé pour une sombre histoire de droits. On retrouve également quelques musiciens gravitant autour de la sphère CSNY (le batteur Dallas Taylor, le bassiste Calvin Samuels) et le saxophoniste Bobby Keys, musicien d’appoint, intérimaire chez les Rolling Stones. Les sessions se déroulent dans une atmosphère paisible que l’on ressent à l’écoute. « Songs for beginners » est un album à la coule, décontracté à l’ambiance champêtre et acoustique ; folk très légèrement teinté de country-rock (« Man in the Mirror », « I used to be a king »), typique du début des années 1970. Le genre de disque que l’on écouterait en regardant le soleil se coucher sur les champs ou sur la plage. La tonalité est cependant assez mélancolique et se partage entre dépit amoureux (« Better days », « Wounded bird ») et utopies hippies (« Military Madness », « Chicago », « We can change the world »). Un album au charme désuet, irrésistible.
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