Le 19 juin 1981, les studios RIAS de Berlin Ouest ont scellé la rencontre de deux personnages ayant joué un rôle capital dans l’histoire de notre musique. A ma droite Alexis Korner (né à Paris, si, si!), guitariste, qui a grandement contribué (au sein de son groupe Blues Incorporated) à populariser le blues outre-Manche, l’homme sans qui les Rolling Stones ou Eric Clapton n’auraient pas été les mêmes. A ma gauche, Tony Sheridan, chanteur de son état, qui égaré à Hambourg a, un temps, embauché les Beatles comme backing band. Présent à la fête, le troisième larron, Steve Baker est un harmoniciste, anglais lui aussi, exilé en Allemagne jouant régulièrement à l’époque avec Tony Sheridan. Lorsque l’invitation à jammer avec Alexis Korner (pour le compte d’une émission de radio) s’est présentée, ce dernier se souvient n’avoir pu refuser : « Le show a duré de 23 heures à 4 heures du matin » ! Réduit à une heure, le présent disque comporte son lot de bons moments. Sans répétition préalable ou préparation particulière, les trois hommes se sont réunis autour d’une poignée de classiques (« Bright lights, big city », « Will the circle be unbroken », « Hallelujah I love her so »), guitare acoustique et harmonica en mains, dont ils donnent des versions débonnaires, à la coule, dont le côté parfois erratique (les dix minutes de « High heel sneakers ») hypnotise. Signe des très grands, les musiciens se cherchent, se trouvent (la superbe reprise de « Honky tonk woman »), invitant l’auditeur à la noce (« RIAS Berlin Blues »). L’écoute procure le sentiment de partager un moment d’intimité, une rencontre rare entre géants. Un petit moment d’histoire.
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