Plutôt méconnu, le quintet belge est issu de la séparation des groupes Pazop (Dirk Bogaert, flûte ; Jack Mauer, batterie), Cos et Julverne (Charles Loos, piano). Tombé dans l’oubli, l’album renaît aujourd’hui grâce au travail opiniâtre du label Replica qui n’a de cesse d’exhumer des perles oubliées du passé. Et l’auditeur, ravi, trouve une nouvelle raison de s’extasier à l’écoute de l’album en question. Car, en effet, Abraxis se distingue du tout venant progressif grâce à une ambition démesurée où le classique rejoint le jazz et la scène de Canterbury (l’incroyable « Valse de la mort » qui dépasse le quart-d’heure) le long de compositions labyrinthiques, et surtout, grâce aux qualités d’instrumentistes des musiciens, virtuoses à l’avenant de l’ambition affichée. Et, à ce titre, la pochette nous donne une indication, mettant en exergue des partitions bien éloignées du graphisme tout en rondeurs et abscons qui est souvent le lot des groupes de rock progressif. Et la musique dans tout cela ? Car il est bien beau de parler de piano et de flûte, autant d’instruments rarement mis en valeur dans le rock, mais le risque de léthargie n’est jamais bien loin, surtout avec un groupe aimant visiter les recoins et les angles de compositions alambiquées et complexes s’étirant sur la longueur. Le coup de génie d’Abraxis est de justement contrebalancer cette sophistication par des attaques de guitares, comme autant d’éclairs, autant secs que brutaux, qui, d’un coup, remettent le tout en perspective et ramènent sur terre des compositions qui ne demandent qu’à planer dans les hauteurs. A cela s’ajoute quelques claviers et autres synthés primitifs, utilisés avec parcimonie, et tirant la chose vers des rivages électroniques avant-gardiste où le funk moite règne. Un album élégant et équilibré qu’il convient d’écouter et d’apprécier à sa juste valeur car il fut, hélas, le seul de la, pourtant prometteuse, formation wallone.
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