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Across 110th Street (1972)

May 28, 2015

Apparue au début des années 1970, la blaxploitation, genre de cinéma bis, a donné naissance à une quantité de films, souvent des polars d’action à résonance sociale, à l’intérêt inversement proportionnel (à quelques exceptions prêt) à celui de leurs bandes originales signées par les superstars de la soul music de l’époque. Curtis Mayfield (« Superfly ») et Isaac Hayes (« Shaft ») constituant la partie visible d’un iceberg très profondément immergé. Ainsi Across 110th Street fait partie de cette culture bis un peu oubliée de nos jours. Le film, réalisé par Barry Shear et plutôt bien foutu, marque la rencontre entre le film de mafieux italiens et le ghetto black. Le titre est savamment trouvé, la 110ème rue, sise à Manhattan, marquant la fin de Central Park et le début du quartier de Harlem. Une sorte d’entre deux signant la frontière entre deux mondes qui est au cœur de l’intrigue. Mais revenons à la musique. Le disque est signé de deux grands noms, Bobby Womack (décédé l’an dernier, profitons-en pour lui rendre hommage) et son groupe Peace prenant en charge la partie « chansons » de l’album. Le compositeur J.J Johnson s’occupe lui des intermèdes instrumentaux illustrant le métrage. La composition titre « Accross 110th Street » ouvre et clôture le disque. La première version est absente du film mais sera récupérée par Quentin Tarantino sur la BO de « Jackie Brown » (avec Pam Grier, actrice star du genre Blaxploitation). Le véritable générique du film c’est « Across 110th Street part II » (qui clôt l’album), le même thème en version jazzy et guitare psyché. Le disque est une collection de grooves psychédéliques (« Do it right », « Hang on in there » version chantée) ou soul (« If you don’t want my love ») vénéneux dans laquelle la voix éraillée et grave de Bobby Womack fait merveille. Son timbre sent le vécu et incarne à la perfection ces histoires teintées de résistance sociale et de survie. C’est le son de la rue. La partie instrumentale est à l’avenant et lorgne plutôt du côté du jazz, avec force soli de piano électrique (on craque), voire de la musique lounge, la version instrumentale de « If you don’t want my love » ressemblant à s’y méprendre à du Burt Bacharach. Enfin, entre chaque morceaux sont intercalés des extraits des dialogues du film (une autre idée pompée par Tarantino qui doit décidément beaucoup à ce cinéma) qui nous (re)plonge encore un peu plus dans l’époque. Pour un peu on s’y croirait, vagabondant dans les rues new-yorkaises, saisissant des bribes de conversation au hasard, accoudé au comptoir d’un diner crade et mal famé. L’édition deluxe du cd est particulièrement complète et propose l’affiche originale en grand format dans le livret dépliable et un extrait du film sur une plage multimédia.

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