Sorti en 1986 sur le regretté label New Rose, Lost Decade est un portrait original et décalé, en deux volets, d’Alex Chilton ancien leader de Big Star et des Box Tops, décédé, hélas, en 2010.
Le premier cd est une compilation classique d’inédits d’Alex Chilton chanteur. Les morceaux sont présentés dans un ordre anté-chronologique partant de 1977 pour remonter jusqu’à 1969. Ce parcours inversé illustre, en creux, la spirale infernale dans laquelle s’était enfermé l’ancien interprète de « The Letter ». Les sessions de 1975/1977 voient un Alex Chilton déglingué, assurant souvent à lui seul l’ensemble des instruments pour un résultat autant erratique (« Take me home and make me like it ») que fascinant (« Bangkok », la reprise « Can’t seem to make you mine »). Mention spéciale à « Walking dead » (1975) qui représente, à nos oreilles, une sorte de record d’alcoolémie en studio… Le premier cd s’achève avec quatre titres enregistrés en 1969/1970 soit dans l’immédiat après Box Tops. Et là on retrouve un Alex frais, pas encore tout à fait désillusionné par le monde sans pitié du rock, pratiquant un folk-rock teinté de country (nous sommes à Memphis) d’excellente facture et entouré par un groupe. L’occasion de découvrir quelques pépites oubliées telles que « Free again » et autres « Come on honey » qui apparaissent, rétrospectivement, comme l’exact trait d’union entre la soul pop des Box Tops et la power pop de Big Star (cf. « I can dig it »). A redécouvrir assurément…
Le deuxième cd part d’un parti pris plus original compilant huit titres produits, entre 1972 et 1975, par Alex Chilton dressant un portrait en creux de l’artiste/producteur. Le casting réuni ressemble à un who’s who des recalés de l’histoire du rock : Sugar Blues, Larry Davis, Grady Whitebread, Scott Adams soit autant d’illustres inconnus mais certainement pas dénués de talent. Autant d’occasions pour l’auditeur de multiplier les belles découvertes dans une ambiance roots, typiquement 70s, où folk, rock et country se mélangent. Le tout forme une sorte d’itinéraire bis sur la longue route du rock n’roll et ne manquera pas d’interpeller les fans de Neil Young, Gram Parsons et autres CSN qui trouveront leur bonheur dans ces pépites oubliées. Un double album très attachant.
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