Cinq titres, sobrement numérotés de « Eins » à « Fünf » (de un à cinq en allemand) mais allant de 10 à 35 minutes, soit près d’une heure et demie de musique live. Damo Suzuki, la voix de « Tago Mago » ayant quitté le navire depuis longtemps, la musique de Can s’est ouvert à de nouvelles perspectives, comme le témoigne ce copieux double album. Entièrement instrumental, le disque semble mouvant. A l’image d’un radeau perdu en pleine tempête, la musique de Can est faîte de hauts et de bas, de creux, de montées sévères et de vertigineuses descentes, le tout rythmée par une batterie incandescente. On attendait de Can de l’expérimentation à base de manipulations sonores planantes et on ne sera point déçu sur ce plan là. Mais, et c’est une surprise, le groupe allemand a également replacé le rock au centre de ses préoccupations kraut. On s’est déjà extasié sur la batterie plus avant, mais il faut également souligner ce son de guitare venu d’ailleurs ou, plus certainement, d’un instrument tiré dans ses ultimes retranchements, les amplis dans le rouge. La comparaison est certainement un peu osée, mais il y a du Hendrix dans cette prestation (l’influence du blues en moins) voire du Miles Davis dans cette volonté de repousser les frontières, à l’instar de ce qui se faisait communément dans le free jazz.
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