Il est tout d’abord question d’un son, celui d’une guimbarde dans laquelle résonne tout le spleen des personnages, le temps d’un thème inoubliable, et ce que l’on ait vu le film ou non, le « Tema Italiano », décliné tout au long de cette magnifique bande originale, terriblement accrocheur à l’oreille. L’époque voulait cela, la fin des années 1960, l’épopée glorieuse des production franco-italiennes, qui voit les talents passer les Alpes avant de faire le grand écart vers Hollywood. Mais, en 1969, le cinéma français peut s’enorgueillir de la collaboration avec le grand Ennio Morricone qui, même lorsqu’il met en mélodie un polar français, fait résonner des échos du western spaghetti, enrobés d’envolées de cordes majestueuses et de cuivres luxuriants (« Mostra dei gioielli » ; “Tema per Nazzari e Delon”) à l’étouffante tension dramatique. A contrario, lorsque le swing s’accélère, le suspense est merveilleusement souligné par le groove dévastateur (“Tema per Le Goff”). Enfin, Bruno Nicolai est à la direction d’orchestre, Alessandro Alessandroni est au sifflet (si, si) une orchestration rare et précieuse et cela fait toute la différence. C’est superbe et comme le bon vin, le disque se bonifie avec les années.
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