Quel étrange objet que voici ! Fermez les yeux, ouvrez grand vos oreilles et essayez, cinq minutes, d’imaginer la chose. De la soul, funky en diable, jouée pied au plancher, guitares crades, basse énorme et batterie survoltée, chantée en langue arabe… De l’autre côté de la Méditerranée, un artiste a inventé, 45 ans avant les BellRays, Noisettes et autres The Heavy, la fusion soul-rock garage. Son nom était Fadoul et après des décennies d’oubli, sa musique renaît de ses cendres grâce à cette opportune réédition de son premier album signée du label Jakarta Records. Il va sans dire que le mélange est détonnant et l’auditeur, tout déboussolé et ne comprenant pas une parole, a vite fait de perdre le nord, tourneboulé par ce disque. Fort heureusement, la musique nous permet de retomber sur nos pattes. L’album débute avec « Sid Redad » qui n’est autre que l’adaptation de « Papa’s got a brand new bag » (James Brown). Adaptation est bien le mot clé en l’espèce. Outre la traduction des paroles, le groupe (un trio guitare, basse, batterie en sus du chanteur) a totalement métamorphosé la chanson, transformant la syncope funky du Soul Brother Number One en brûlot punk/groove. C’est fort ! Et on n’est pas au bout de nos surprises. Un peu plus loin alors que les premières mesures de « Al Zman Saib » débutent, on reconnaît « All right now », le classique signé Free ! Au fil de l’écoute, l’album dégage un charme unique. Le son est crade et il semble évident que cet album a été autant bricolé qu’enregistré. On imagine sans peine le quatuor se débattre dans une cave poussiéreuse avec du matériel précaire. Et pourtant le charme agit. Excitant, comme un bon vieux morceau de rock n’roll, exotique et groovy !
Fadoul, malheureusement décédé en 1991, s’est retiré du monde de la musique après quatre albums. Espérons que les trois suivants seront également réédités…
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