Le troisième effort Johnny Winter a le mérite de mettre les choses au point dès le début. « The Progressive Blues Experiment », voilà qui est dit, ce disque sera progressif/expérimental ou ne sera pas ! De fait, l’album se présente comme un disque de blues solide, classique même sur certains aspects, mais infusé du son psychédélique de l’époque, en particulier sur les guitares (« Help me »). Le track listing est symétrique : les plages impaires sont des reprises, les plages paires des compositions originales (à l’exception de la dixième reprise du « forty four » de C. Burnett). A l’époque, Winter est considéré comme un petit génie, déjà guitariste virtuose, il va au fil des années développer des compétences en matière de production qui le feront côtoyer les plus grands. Bien qu’encore en gestation le talent de Winter apparaît ici de manière flagrante, son toucher de guitare est fin et précis avec cette formidable capacité d’accélération quand cela s’avère nécessaire au moment des soli. Particulièrement à l’aise dans un contexte électrique, Winter est toujours dans son élément quand il s’agit de couper les amplis, « Bad Luck and Trouble » magnifique mandoline et harmonica. On l’oublie assez souvent, mais Johnny Winter est aussi un excellent chanteur au timbre de voix grave et éraillé ce qui sied particulièrement bien au blues. Un petit pour finir sur la section rythmique accompagnant Johnny (l’album a été enregistré en trio) : Tommy Shannon à la basse et Red Turner à la batterie, impeccables d’assise tout les deux. Johnny Winter touchera ensuite le fond, détruit peu à peu par la drogue et l’alcool. On a longtemps été très inquiet pour lui, mais son dernier passage parisien s’est révélé plutôt rassurant.
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