Ce coquin de destin a fait que lorsque Les Calamités ont sorti leur grand tube, « Vélomoteur », en 1987, le groupe n’existait déjà plus… Mais, un petit retour en arrière s’impose… Nous sommes à Beaune (Côte d’Or) à la fin des années 1970, et trois copines étudiantes, Odile Repolt, Isabelle Petit et Caroline Augier, grattouillent leurs chansons tout en rêvant d’ailleurs, isolées dans leurs goûts assez prononcés pour le rock’n’roll, au fin fond de la campagne. L’agitation a lieu, ailleurs, et souvent bien loin de la Bourgogne. La formation se stabilisera avec l’arrivée du batteur, Mike Stephens, un anglais exilé dans le vignoble bourguignon. Le grand plongeon peut avoir lieu ! Démos, premiers concerts, la route est pavée jusqu’à la rencontre avec le Normand Lionel Herrmani et l’enregistrement de l’album « A bride abattue », sorti sur le mythique label New Rose. Rouen est alors la place forte du rock en France et c’est d’ailleurs Tony Truant, guitariste des Dogs, qui trouvera leur patronyme. Le départ de Caroline vers Londres, précipite la fin du groupe et les choses auraient pu facilement rester là. Un coup de pouce du destin, la découverte d’une chanson inédite (la fameuse « Vélomoteur ») et un petit coup de main de fans célèbres (Etienne Daho, Daniel Chenevez de Niagara) donnera à Odile et Isabelle la chance de faire un dernier tour de piste, grâce au succès inattendu de ce 45 tours. Pour beaucoup, Les Calamités, enfin ceux qui s’en souviennent, se résument à ça, un one hit wonder. Et c’est faire bien peu de cas des qualités d’interprétation et d’écriture (faire un tube d’une virée au supermarché, ça veut tout dire…) que l’on (re)découvre grâce à cette compilation/intégrale sortie chez Born Bad. C’est une véritable bouffée d’air frais ! 40 ans après les faits, le répertoire des Calamités n’a pas pris une ride, en partie grâce à leurs harmonies vocales. Les Calamités sont de véritables équilibristes entre le rock’n’roll pur et électrique et les titres à vocation dansante, aussi à l’aise en anglais qu’en français, et émaillé de reprises du meilleur goût (« The Kids are alright » des Who). Au début des années 80, les Calamités avaient déjà l’oreille dans le rétroviseur, autant dire qu’aujourd’hui leurs chansons sont devenues autant de petits classiques intemporels aillant particulièrement bien vieillies (et on n’en dira pas autant de toutes les productions des années 80). L’élève à rejoint le maître : les mélodies sont simples et les mots, directs, vont droits au but. Dans la lignée des années 1960, la formule est imparable. Et dire que le présent album s’ouvre avec le refrain « Je suis une calamité »…
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