Avec un nom et un titre pareil, on pourrait facilement imaginer un groupe de heavy-metal, une sorte d’ersatz contemporain de Black Sabbath. Il n’en est rien car derrière le patronyme de Lucifer, se cache le Canadien Mort Garson, pionnier des musiques électroniques. Sorti en 1971, « Black Mass », l’unique sortie de Garson sous l’alias de Lucifer, se distingue dans sa discographie par son angle sombre, occulte et oppressant, dont la dimension ésotérique se retrouve renforcée par l’aspect expérimental de la musique. Instrumental, l’album est une collection de sons venus d’ailleurs, encore plus si on se remplace dans le contexte du début des années 1970 quand est sorti l’album. Pionnier du synthé Moog, Garson tente ici de trouver les limites de la machine et accouche de ce qui aurait été une bande originale parfaite pour un thriller horrifique ou un film de science-fiction restant à tourner. En ce sens, « Black Mass » préfigure le travail de John Carpenter. Un demi-siècle après sa sortie originelle, le disque sonne toujours aussi actuel et n’a pas pris une ride. Une gageure…
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