Né à Blida (Algérie) en 1940, ville où il habite toujours, fidèle à sa réputation de dandy tiré à quatre épingles, Mazouni a aligné les hits depuis son installation en France en 1969 puis dans les années 1970, sans jamais toutefois trouver audience en dehors de la communauté maghrébine ; se heurtant à une sorte de plafond de verre. Si, pour tenter de coller aux standards yéyé, la guitare électrique fait parfois une irruption remarquée dans sa musique, la majorité des mélodies sont orchestrées autour des stridances du violon et de la cithare, et de la percussion frénétique de la derbouka et du târ ; ce qui a pour effet immédiat de dépayser l’auditeur, procurant une sensation de soleil musical, renforcée par le chant alternant entre langues arabes et français. Les enregistrements, un peu sales, effectués avec les moyens du bord et de l’époque, restituent ce sentiment d’une musique lointaine et replonge l’auditeur dans ces délices millésimés. Une sensation bien vite balayée par les paroles parfois sombres (« l’amour il me dégoûte ! ») décrivant la cruauté de la condition de travailleur immigré, utilisant un langage cru. Une problématique qui a torturé le chanteur au point de lui faire commettre l’erreur de soutenir Saddam Hussein lors de la première guerre du Golfe. Il en résultera une interdiction de séjour de cinq ans en France. Un faux pas en guise de conclusion malheureuse.
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