A l’origine du groupe se trouve la fratrie Goubin, originaires de Toulouse : Charles (guitare), Michel (piano) et Philippe (batteur). Après des débuts dans le rock garage et les reprises, en compagnie de son quatrième frère Gilles (qui a également fait partie de Potemkine au tout début), le guitariste Charles tombe sous le charme du jazz fusion (Mahavishnu Orchestra, Miles Davis, Weather Report) et du rock progressif. Une révélation, un changement d’orientation, le nouveau groupe s’appellera Potemkine en raison de ses résonances avec l’univers de Magma. Un nom en l’espèce bien choisi tant la musique de Potemkine évoque les odyssées au long cours et le voyage aux confins du rock et du jazz. Car c’est peu dire que la musique de Potemkine, dans son acceptation la plus expérimentale (cf. « Nuit sur le Golan ») ne ressemble à rien de véritablement connu. Difficile de parler de chansons, alors que le travail sur les voix porte essentiellement sur les vocalises, faisant du chant un instrument à part entière et du groupe un ensemble instrumental alors que le groupe compte deux chanteurs, et que les compositions sont arrangées comme des pièces expérimentales agrémentés de nombreux bruitages. C’est alors que la musique cesse d’être une affaire d’écoute pure pour devenir une question de ressenti général. La formation même du groupe trahit cette optique puisqu’on y retrouve le violoniste Xavier Vidal, un instrument pour le moins rare dans le contexte d’un groupe de rock. La musique de Potemkine est donc une affaire qui sort de l’ordinaire où il est question de solos déliés de guitare virtuose, de temps qui s’étire le long de compositions labyrinthiques laissant une part de silence (« Cédille ») mais aussi d’un sacré sens du swing (« Ballade », l’excellente « Hymne »). Le jazz est passé par là, et sa présence se fait ressentir dans le doigté subtil de Michel Goubin dévalant le clavier de son séduisant du piano électrique Fender (« Loolit ») envoûtant l’écoute d’un bout à l’autre.
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