Maudite année 2013. C’est maintenant Richie Havens qui tire sa révérence. A peine six mois et déjà tant de pertes… Retour sur le premier album d’un maître folk/soul. Hommage.
Sur la pochette, Richie arbore fièrement sa guitare sèche perché sur un tabouret. Tout laisse penser à un album acoustique, dénué d’arrangement à la manière du premier effort de Terry Callier. Il n’en est rien. Par contre à l’instar de Terry, Richie partage l’amour des mots. En dehors de la musique, c’est également un poète accompli. Alors, bien évidemment la guitare folk arborée sur la pochette n’est pas là par hasard, Richie en joue, fort bien au demeurant, sur toute la durée du disque. Mais ce qui en fait vraiment le sel, ce sont les arrangements. Le piano, les cordes, les percussions (la très belle « Sandy » aux parfums latins). Le folk s’en retrouve transformé, tiré vers de nouveaux horizons. Parfois soul, parfois jazz, magnifique « Three day eternity », mais toujours passionnants. Et puis il y a la voix de Richie, qui a gardé ses intonations folk (on pense à Dylan), dans cette façon de parfois « déclamer » le texte, le timbre soul en plus. La profondeur. Cette petite cassure à la base des cordes vocales. Le vécu qui transpire à travers le chant. Que dire de plus ? C’est beau ! C’est même l’extase sur « Follow » six minutes peu à peu gagnées par la transe où Richie finit par vous emporter littéralement. Deux ans après la sortie de ce disque, Richie rentrera dans l’histoire du rock en assurant, quasiment seul et avec beaucoup de vaillance, l’ouverture du festival de Woodstock. Il est après Alvin Lee (Ten Years After), le deuxième vétéran de Woodstock à disparaître cette année. Maudite 2013 on vous dit !
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