New York City, fin des années 1960. Sur la scène du Cafe Wha ? The Overland Electric Band et ses trois guitaristes balbutient un rock n’roll de facture classique. Un soir, parce qu’il s’ennuie lors d’un solo un peu long, Simeon, chanteur de son état, branche un oscillateur qui aussitôt envahit la pièce de sons électroniques étranges, rarement entendus jusqu’içi. Et c’est ainsi, Mesdames et Messieurs, que naquit The Silver Apples, premier duo de musique électronique de l’histoire. Bien entendu à cette époque, il n’est pas encore question de samples, d’ordinateurs ni même de synthétiseurs. Quant à la notion de DJ, elle recouvre en ces temps éloignés une réalité bien différente. Non, non, le son des Silver Apples repose sur cet étrange instrument de torture appelé The Simeon, qui se joue avec les mains, les coudes et les genoux. Un assemblage barbare composé de neuf oscillateurs audios et de quatre vingt six commandes différentes, à la complexité au moins égale à celle du tableau de bord du Boeing de la Pan Am figurant sur la pochette. Quant au deuxième membre des Silver Apples, le batteur Dan Taylor, également echappé de l’Overland Electric Band, son kit, absolument délirant, se compose (entre autres) de neuf tomes, cinq cymbales et deux cloches pour faire bonne mesure. Et la musique dans tout ça ? Bizarre, forcément. Une cacophonie symphonique faite de bips, wouz et autres boum boum boum. Surprenant, vraiment. A tel point que l’auteur de ces lignes doit confesser qu’à la première écoute, il n’a absolument rien compris à l’affaire. La honte. La réédition cd est retournée dans un coin où elle a gentiment pris la poussière pendant des années. Et puis, un jour, à la recherche de nouvelles idées pour alimenter ce blog, on retrouve le curieux objet qu’on n’avait plus écouté depuis des lustres. Et là, sans parler de révélation, n’exagérons rien, l’écoute à pris une nouvelle tournure. Psychédélique, progressive, planante, la musique des Silver Appler prend un tour obsédant. Une étrange poésie baroque se dégage de l’ensemble. Est-ce le rythme quasi tribal imprimé par Dan Taylor ? Les déclamations poétiques du chanteur Simeon ? Mystère…
Formé en 1967, les Silver Apples ont sortis deux albums, le premier éponyme l’année suivante puis « Contact » en 1969. S’en suit une pause longue de trois décennies avant le come back surprise en 1997, date de la réedition des deux premiers disques sur un seul et même cd. La reformation durera tard jusque dans les années 2000. Le groupe existe encore de nos jours, officiellement du moins.
No Comments