Beb, mais qui c’est ce type ? Beb ? Beb, côté pile, c’est un paisible jardinier de la ville de Reims. Beb, c’est un étrange croisement, le corps d’Iggy Pop monté sur la chevelure du Doc échappé de « Retour vers le futur » (1985). Beb, c’est juste un mec, accro au lait de chèvre, qui se tape 700 abdos tous les matins, il est sérieux Beb, il a été à deux doigts d’être champion de karaté. Mais au-delà des apparences, Beb a été, dans une autre vie, le chanteur de Soggy. Probablement un des groupes les plus radicaux que la France ait connu. Les guitares en droite ligne du Michigan, délocalisées dans la Marne. Un 45 tours, « Waiting for the war » passé inaperçu en 1981 et puis c’est déjà la fin de l’histoire, le split dans l’indifférence générale, le sort commun à tant de groupes en France, c’était écrit d’avance. C’était attendu. La suite de l’histoire, c’est Olivier Hennegrave qui nous la raconte. A la fin des années 1970, il a été le batteur de Soggy. Devenu réalisateur, s’il se penche de nouveau sur son passé, c’est qu’entre-temps il s’est passé un truc : internet. Internet c’est une mémoire sans fin, c’est, dans le fond, assez douloureux, effrayant même, mais, de temps en temps, un truc bien cool remonte à la surface. Un exemple ? Soggy. Ce n’est pas moi qui le dit mais The Shrine, un combo stoner californien. Dans le genre, entre psyché, blues et métal, très seventies, il paraît qu’ils sont assez côtés. Un jour, Josh, le chanteur des Shrine, tombe en amour avec la vidéo de « Waiting for the war » et décide de reprendre le titre avec son groupe. La machine s’emballe alors : la vidéo, passée inaperçue 35 ans plus tôt devient virale, et notre bon vieux Beb découvre sur la reprise des Shrine. Ces derniers sont de passage à Paris, au Trabendo, le 17 novembre 2015 (4 jours après les attentats du Bataclan) et invitent Beb sur scène qui retrouve son côté face, celui du rockeur émule d’Iggy, plus de trente ans après avoir lâché le micro. C’était inespéré, inattendu et c’était déjà beau. Mais l’histoire ne s’arrête pas là puisque Beb a depuis chanté « Waiting for the war » avec The Shrine au Hellfest et même jusqu’au Psycho Fest de Las Vegas, et puis il a enregistré une nouvelle chanson, « Clipping the roses », avec ses nouveaux potes américains. Beb aux États-Unis, c’est là que réside tout le sel du documentaire. On ne peut que se sentir attendri, énamouré par le charisme du personnage, son amour profond de rock rock’n’roll, abasourdi par tout ce qu’il lui arrive. Pour reprendre son expression favorite : « Un truc de dingue »…
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