Alors que cette calamiteuse année 2013 touche enfin à sa fin (bon débarras!), retour sur une des disparitions marquantes de l’année, celle de Lou Reed intervenue le 27 octobre dernier. Chronique, en forme d’hommage, d’un surprenant chef d’œuvre du Velvet Underground.
Dans toute la discographie du Velvet Underground, un album surprend plus que les autres, Loaded, sorti en 1970, alors que l’aventure du groupe touchait à sa fin pour Lou Reed and Co (John Cale a déjà quitté la formation remplacé par le méconnu Doug Yule). Après une triplette d’albums et autant de chefs d’œuvres, le Velvet s’était fait une spécialité des bas-fonds, des chansons sur l’héroïne et les prostituées, une œuvre au noir qu’il n’est pas déraisonné de considérer comme annonciatrice des mouvements cold wave et gothique des décennies suivantes. En résumé, un groupe un peu flippant, trop certainement pour le grand public de l’époque, totalement passé à côté. Loaded surprend et séduit par ce qu’il attaque là où on ne l’attends pas : par le versant pop. Loaded, c’est un peu New York qui rêve de la Californie et d’un métro qui les mènerait directement aux plages de la Côte Ouest. Loaded irradie d’une évidence mélodique rare, d’autant plus belle qu’elle est totalement inattendue. Un peu comme la proverbiale lumière au bout du tunnel (« New age », « I found a reason »). Le disque débute de belle façon avec « Who loves the sun », qui à lui seul justifie la nouvelle démarche de VU : arpèges de guitares acoustiques, harmonies vocales digne des Beach Boys, grand moment. Parmi les grandes réussites du disque, citons bien évidemment le tube « Sweet Jane » et l’amusant morceau country (un autre territoire d’expérimentations) « Lonesome Cow Boy Bill ». La bien nommée « Rock n’roll » et « Head held high » apportent l’indispensable dose d’électricité et de tension. « Oh sweet nuthin’ » termine le disque et pratiquement la carrière du Velvet Underground avec classe et élégance sur un ultime morceau de bravoure de sept minutes 25.
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