Tombé dans l’oubli et les limbes de l’histoire, le premier (et unique) album de Tia Blake vient d’être réédité. Mais l’histoire est belle et mérite que l’on s’y arrête un instant. La jeune américaine était âgée de seulement 19 ans à l’époque de l’enregistrement et est récemment exilée en France, en provenance de sa terre natale. Car, oui, c’est à Paris que l’a été enregistré ce petit bijou. Prisé de la communauté artistique, le Disco’Thé, tenu par Benito Merlino, un disquaire, fait figure d’espace de liberté où la jeune artiste en devenir apprécie de passer le temps. C’est au cœur de son refuge du quartier latin que Tia Blake rencontre les musiciens qui formeront son folk-group. Les onze morceaux de l’album seront ensuite enregistrés au Studio des Abbesses de Pierre Barouh. Le track listing est composé de reprises de traditionnels britanniques ou étasuniens, mais qui pourtant ne comptent pas parmi les plus connus du répertoire (à l’exception peut-être de « Black is the color »). Minimale et simplissime, l’enregistrement dégage une délicatesse et une mélancolie au moins égales à celles qui habitent la discographie de Nick Drake ou de Buffy Sainte-Marie. Ainsi, le disque à peine posé sur la platine, la musique envahit la pièce, l’auditeur est immédiatement projeté dans une bulle protectrice, une capsule temporelle, tendre et envoûtante. La voix plaintive de la chanteuse, le feeling pur des délicats arpèges de guitares, tout y est absolument sublime. Un disque rare, témoignage d’une petite demi-heure de la vie de musiciens, définitivement touchés par la grâce.
No Comments