En cette fin de vingtième siècle, les synthés ornant le premier album de la chanteuse Vanessa Daou, auraient pu faire pencher la balance du mauvais côté, celui, honni, de la dance music. Et pourtant, c’est bien le jazz, voire éventuellement la soul (« Near the black forest »), qui est au cœur des préoccupations ici : du piano (« The long tunnel of wanting you »), de la trompette ou une adaptation aux sons de l’époque du swing (« Autumn perspective ») et des rythmes afro-cubains (« Dear Anne Sexton »). Ce premier album est une adaptation musicale des textes de la poétesse Erica Jong. Un matériau de base hautement sensuel totalement transcendé par le charme ravageur, vénéneux, de la chanteuse et de son timbre langoureux et éthéré, transformant ces dix compositions en autant de confessions sur l’oreiller, susurrées dans le coin de l’oreille dans un souffle sexy (« My love is too much ») ; une bulle de délicatesse en apesanteur. En équilibre sur le fil, entre organique et électronique, en dépit de quelques arrangements trahissant le passage des années ici et là (« Sunday Afternoon »), l’ensemble a plutôt bien vielli. Et c’est une surprise, excellente et inattendue.
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